Mais pourquoi diable a-t-on abandonné la consigne, ce beau système écolo-nomique qui a perduré en France ? La consigne du verre permettait de récupérer, nettoyer et réemployer les bocaux et bouteilles et ainsi éviter bon nombre de déchets. Abandonnée il y a environ 40 ans, c'est pourtant la solution simple et évidente pour réduire notre empreinte écologique. Elle revient donc enfin à l'ordre du jour à l'heure de la transition environnementale.
Mais pourquoi diable a-t-on abandonné la consigne, ce beau système écolo-nomique qui a perduré en France ? La consigne du verre permettait de récupérer, nettoyer et réemployer les bocaux et bouteilles et ainsi éviter bon nombre de déchets. Abandonnée il y a environ 40 ans, c'est pourtant la solution simple et évidente pour réduire notre empreinte écologique. Elle revient donc enfin à l'ordre du jour à l'heure de la transition environnementale.
Afin de trancher, voici un petit guide pratique de la consigne et du réemploi avec tous les paramètres à prendre en compte.
Quels sont les tenants et les aboutissants de ce modèle prometteur dans une démarche globale d'économie circulaire ? Comment convaincre consommateur.rices et commerces de transitionner vers le réemploi ? Quels avantages entre le recyclage et la consigne ? Vous vous doutez sûrement de notre avis sur cette question plus que rhétorique, mais on vous la pose quand même : faut-il revenir à la consigne ?
Introduction détaillée et chiffrée dans ce système qui a de beaux (nouveaux) jours devant lui.
Une consigne est une somme d’argent que l’on paye pour l’emballage ou le contenant d’un produit, pouvant être un verre, un bocal ou une bouteille. Lorsque l'on retourne cet emballage au point de vente, on récupère cette somme d’argent.
C'est-à-dire que vous payez un produit, et que vous "empruntez" l'emballage. Une fois que vous avez consommé le produit et qu'il ne vous reste que l'emballage, vous le rendez et récupérez votre consigne. Une façon de ne payer que ce que l'on consomme vraimelnt et être responsable de ses déchets.
Avant l'ère de l'usage unique, les emballages étaient traditionnellement consignés en France et l'on pouvait réutiliser un contenant jusqu'à 50 fois. La consigne a été abandonnée en 1980 en France en raison de l'apparition des emballages à usage unique, notamment en plastique. Elle résiste cependant encore et toujours à l'envahisseur jetable en région Alsace-Lorraine où 25 millions de bouteilles y sont réemployés chaque année.
L'Allemagne vend 40% de ses boissons dans du verre pour les réutiliser. Au Royaume-Uni, vous avez peut-être encore l'image des milkmen qui livrent tous les jours du lait frais dans les villages. Aujourd'hui, elle revient timidement en France.
Un emballage consigné n'est pas forcément un emballage en verre. Tant qu'il est réutilisable, l'emballage dans l'économie circulaire doit garantir robustesse, inocuité, praticité et hygiène aux consommateur.rices et fabricants.
Le verre est un matériau assez solide, hygiénique et pratique pour un modèle d'économie circulaire et éviter les emballages à usage unique. Le verre a la particularité de ne transférer aucune molécule sur l'alimentaire, il est inoffensif pour l'humain et l'environnement.
On va donc regarder la rentabilité À nombre d'utilisations égal, le contenant en verre doit être reutilisé 30 fois plus pour avoir la même empreinte carbone que le plastique. Lourd, donc, mais pas impossible et l'impact après coup sur l'environnement est moindre.
Il existe donc des systèmes de consigne utilisant des plastiques recyclés et recyclables, que l'on peut réutiliser un bon nombre de fois, qui sont plus légers, et qui économisent de l'énergie au transport. Le stockage est plus facile, les contenants sont empilables, cassent moins, etc. Encore faut-il être sûr.e de choisir le bon plastique pour ses contenants consignés.
La pratique de la consigne évite, en début de cycle, l'extraction de nouvelles ressources limitées telles que le sable pour le verre et le pétrole pour le plastique. Même pour le recyclage : le recyclage parfait à circuit fermé n'existe pas, et il faut toujours utiliser des matières premières vierges pour re-fabriquer.
Le réemploi réduit, en fin de cycle, l'amoncellement et l'acheminement des déchets en centres de tri et de traitement et donc d'amoindrir l'énergie nécessaire pour recycler le verre ou le plastique. Le réemploi permet d'éviter la production de 500 000 déchets par an en France.
Côté fabricants et producteurs, le réemploi d'emballages évite un investissement régulier et sans fin au profit d'un investissement durable, amorti sur plusieurs années et finissant par être moins coûteux que l'usage unique.
Pour les collectivités locales, la gestion des bouteilles consignées permet de diminer le nombre de déchets à traiter, et à ramasser et donc à financer.
Enfin, pour les consommateur.rices, la consigne permet de récupérer le montant de l'emballage et se retrouver à payer uniquement le produit brut consommé. Logique !
Les filières de réemploi permettent de créer des emplois locaux, non délocalisables, notamment en centres de lavage, et une bonne partie en insertion. Bon nombre d'acteurs de la consigne travaillent avec des Établissements ou Services d'Aide par le Travail (ESAT), comme nous l'avons fait à nos débuts et comme le font certains de nos producteurs.
Pour une bouteille en verre, l'étape de fabrication est la plus impactante. Les coûts environnementaux liés à la fabrication du verre sont d'autant plus réduits plus l'emballage est réutilisé.
C'est donc le nombre d'utilisations qui est un facteur crucial. À nombre d'utilisations égales, un contenant en verre doit être réutilisé 3 fois plus qu'un contenant en plastique pour avoir la même empreinte carbone.
L'étude de l'ADEME en 2018 sur 10 dispositifs de réemploi du verre indique néanmoins que leur performance environnementale est égale ou supérieure aux dispositifs du jetable ou du recyclage.
Deuxième impact, la consommation d’eau. C'est bien évidemment un enjeu environnemental significatif pour les systèmes de consigne. Il y aura toujours marges de progressions évidentes, mais l'étude de l'ADEME de 2018 vient combler quelques doutes. En effet, sur l'indicateur "déplétion des ressources en eau" les dispositifs ont une performance environnementale équivalente au système sans consigne.
En France, l'étude Deroche datant de 2009 conclut que le réemploi des bouteilles en verre dans le contexte de la Brasserie Meteor permet de consommer 76% d’énergie primaire en moins, d’émettre 79 % d’émissions de gaz à effet de serre en moins et de consommer 33 % d’eau en moins par rapport au recyclage, si on utilise le lavage à circuit fermé.
On parle donc des transports de livraison des fabricants, aux points de vente puis aux centres de lavage. Plus les distances de transport vont être courtes, plus l’impact environnemental des dispositifs avec consigne va être réduit. L'étude de l'ADEME de 2018 indique aussi que l'impact environnemental du verre consigné est négatif à partir de 250km de transport effectués entre ces différents points de contact.
Il ne faut pas non plus oublier que le jetable génère énormément de transports et d'énergie : les trajets liés au réemploi doivent donc compenser les trajets vers les centres de tri évités au recyclage. On privilégie donc la gestion locale et une boucle logistique la plus courte possible pour garder une cohérence environnementale.
Chez nous, les contenants sont récupérés et nettoyés par Uzaje, notre partenaire de lavage professionnel. Ils passent à nos locaux dans le 18ème arrondissement à Paris, 1 fois par mois, pour récupérer tous les contenants vidés et pré-nettoyés par vos soins et les laver dans leurs établissements, à Neuilly sur Marne (93). Ces mêmes contenants vous sont donc acheminés et nous sont retournés à vélo grâce à notre patenaire de cyclo-logistique Olvo.
Le gouvernement a bien prévu le retour de la consigne, mais... de la consigne pour recyclage, notamment sur les bouteilles en plastique. Ici, le contenant est rapporté et collecté et ne finit non pas réutilisé mais recyclé et refondu pour former du nouveau verre ou plastique.
Rien de nouveau sous le soleil donc, juste de l'incitation au tri et un renforcement des mesures de recyclage. Le gain y est donc à peine plus intéressant que la collecte de tri traditionnelle. De la poudre aux yeux, vous dites ?
La consigne pour réemploi est en revanche poussée par la Mairie de Paris : c'est elle qui induit que le contenant va effectivement bien être lavé pour être réutilisé.
Plébiscité par la Convention Citoyenne pour le Climat, aujourd'hui les avancées sont fébriles et les mesures plutôt brouillon. Aux dernières nouvelles, c'est la consigne pour recyclage qui sera "préconisée" et seulement à partir de 2025. Bien mou tout ça.
Aujourd'hui, 89% des Français.es sont favorables au retour de la consigne pour recyclage (donc des bouteilles en plastique) et 92% seraient prêt.es à ramener leurs emballages en points de collecte. Les chiffres sont donc encourageants : on oserait même espérer qu'ils ne changent pas si on posait la question sur la consigne pour le réemploi.
Aujourd'hui, plus loin que simplement les courses alimentaires, la consigne s'étend jusque dans nos assiettes de restaurant. Des acteurs comme Barepack s'engagent auprès des restaurateur.rices et la vente à emporter ou en livraison avec des contenants consignés et réutilisés.
Pour 2€ par mois, les utilisateur.rices de Barepack peuvent profiter du réseau de contenants réutilisables zéro déchet et de bons plats livrés depuis leurs restaurants préférés.
Nous vous conseillins justement d'ailleurs l'excellent épisode de Sur le grill d'Écotable, "Faut-il revenir à la consigne ?" avec au micro Nicolas Piffeteau, Chef des Opérations chez Barepack, nous expliquant toute les réflexions derrière le projet.
La consigne est donc la solution la plus appropriée pour réduire efficacement son empreinte environnementale, et en l'occurrence la consigne pour réemploi. Elle permettrait de réduire de 65 à 85% l'impact environnemental global selon l'ADEME, à condition que consommateur.rices et distributeurs rentrent dans la boucle.
Elle permet sans aucun doute de réduire considérablement le nombre d'emballages recyclés, incinérés ou enfouis en fin de vie. Par extension, elle permet aussi de limiter la dispersion de polluants et des nuisances dues à ce mode de traitement des déchets.
Comme quoi, les solutions de l'avenir se trouvent parfois dans le passé.